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par Elsa - le 9/01/2014
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par Elsa - le 9/01/2014

Wet Moon tome 1, la critique

Après des titres remarqués comme SOIL et Bambi, Atsushi Kaneko revient, cette fois-ci chez Sakka, avec Wet Moon...

Sada et la Lune

Devant le cadavre d'une geisha, Sada a l'esprit ailleurs. Le jeune inspecteur est obsédé par la silhouette d'une autre jeune femme, suspecte d'un homicide et qui s'est enfuie à deux reprises alors qu'elle était sous sa garde. Et ça n'est pas son seul problème. Un accident récent lui a valu une grosse cicatrice au front, et surtout des trous de mémoires des plus perturbants. Et puis l'ambiance est étrange... La future mission Apollo occupe tous les esprits, comme un compte à rebours jusqu'à un évènement un peu surréaliste et effrayant. Sans oublier les collègues de Sada, qui ont dans l'idée de lui faire franchir la mince barrière qui sépare les flics intègres des autres. On peut dire qu'il a connu des jours meilleurs.

Un décor sur mesure...

Comme à son habitude, Atsushi Kaneko apporte un soin particulier au décor et au contexte, qui comptent presque pour des personnages de l'histoire. Difficile de mieux décrire l'atmosphère qui se dégage du manga qu'en reprenant son titre. Wet Moon, la lune moite. 

Le choix de la période d'abord. Wet Moon se déroule pendant les années 60, à une époque où le Japon, comme le reste du monde, semble évoluer à toute vitesse. La mission Apollo est un symbole marquant de ces changements, comme si la science-fiction devenait tout à coup réalité.

Et un récit troublant

Visuellement, ce manga est à part. Il y a dans ses pages une luminosité aveuglante et pourtant presque malsaine, aseptisée et suintante à la fois. Le graphisme lisse et rétro, superbe, contribue encore à cette impression de malaise, tout comme la mise en scène qui impose un rythme de lecture très lent, quasi contemplatif, qui s'accélère tout à coup et nous déstabilise. Le mangaka bouscule nos sens, et nous plonge dans l'état où se trouve déjà Sada, qui sue à grosses gouttes et tente de garder la raison même si plus rien ne lui semble normal.

Le récit en lui-même n'est pas non plus en reste question sensations fortes. Les cadavres s'entassent, et chacun semble avoir de sombres secrets à garder bien enfouis. L'enquête, elle, ne semble avoir aucun sens et les questions s'accumulent en petit tas désordonné. Loin d'un polar classique à la construction implacable, Kaneko semble s'amuser à brouiller les pistes, s'arrêtant longuement sur un passage anodin et survolant à peine des éléments qui pourraient sembler capitaux, voir choisissant de les passer sous silence dans les ellipses imposées par la mémoire vacillante de Sada.

Ses lecteurs le savent, on ne ressort jamais complètement indemne d'un manga signé Atsushi Kaneko. L'auteur excelle à détruire tout soupçon de repère, et pourtant on reste captivé, retenant notre souffle, sachant pertinemment que le pire est encore à venir.

Wet Moon est un excellent titre (à réserver toutefois à un public averti), magnifique visuellement et très bien écrit. Mais ce qui fait sa saveur si particulière, c'est l'expérience de lecture déstabilisante qu'il nous offre, avec un profond sentiment de malaise qui ne nous quitte jamais vraiment.

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