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par Sullivan - le 3/11/2013
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par Sullivan - le 3/11/2013

Le manifeste pour le droit d'être soi

La rédac. 18h37, Alfro m'explique ses méthodes d'écriture de critiques (aux antipodes des miennes) et Mathieu bosse ses illustrations pour un client qui vend du pétrole et souille des côtes un dimanche soir. Flo et Jean-Phi sont sur leur composition de musique et partent enregistrer du son. D'ailleurs j'attends le retour de Flo pour publier le Podcast #7 de SyFantasy.fr qui est pour l'instant daté au 00/00/000.

Il est de ces petits instants qui déclenchent de maigres réflexions qui mutent inéxorablement en petites obsessions. Il est de ces petits voyages en tram un Dimanche soir pluvieux qui poussent à la réflexion sur l'autre, sur ce cocon qu'on appelle la société et sur soi-même.

Évidemment, loin de moi l'idée d'être le prophète du bien-vivre universel ; d'être l'archétype d'une révolte vaguement adolescente sur l'acceptation de l'autre, quelque soit son apparence et ses manières. Avec mes gribouillis sur le corps et mes obus dans les oreilles, je ne pense de toute façon pas correspondre au "sujet type" que ce titre sensationnel pourrait évoquer.

Ce que je voulais juste coucher sur papier numérique ce soir, c'est cette réfléxion sans prétention sur le bonheur, sa quête et sa vaine résolution. La société court après le bonheur mais regarde (vers) ses pieds (avec son smartphone) quand elle prend les transports en commun et n'ouvre pas la bouche entre son point d'entrée et sa libératrice sortie de ce qu'elle a considéré comme un espace de jugement constant. "Mais vivez, putain" dirait Alain Damasio, rencontré ce week-end dans des conditions incroyables aux Utopiales (où la profusion de questionnements sains, ouverts et optimistes m'ont fait un bien fou). En y mettant les formes, sûrement moins habilement que le génial auteur, je demanderais à ces compagnons d'un instant de profiter de leur voyage, hypothétiquement fécond de belles rencontres, de sourires, de jeux de regard délicieux et de discussions passionnées. Chacun de ces moments peut être un beau souvenir, pourquoi ne pas jouer à la lotterie à chaque fois ? Notre rapport à l'autre est biaisé par cette crainte permanente de ne pas être assez bien pour l'étranger. Les standards agressifs imposés par une macro-"culture" (sic) dégueulasse, et plus dangereusement, influente sur des gens qui paraissent pourtant imperméables à ce type de matraquage qui pourrissent nos relations à l'autre.

Et les maux sont nombreux (la beauté, la standardisation des "styles", les signes extérieurs de richesse, la couleur de peau, la propreté des cheveux...), sûrement impossibles à résoudre, mais ils peuvent surtout être surmontés. Pourquoi ne pas profiter de notre court passage pour en apprécier chaque moment fuyant ? Pourquoi ne pas franchir le pas d'aller parler à cet inconnu(e) qui d'un simple regard vous a paru être un homme ou une femme riche et méritant toute votre attention ? L'exemple du transport en commun local se décline d'ailleurs à l'échelle plus large avec la potentialité folle de romance d'un voyage en train, plus encore à cette iliade moderne qu'est l'avion. Plus largement encore, il se retrouve à l'échelle de la société, où le bonheur semble presque aussi distant et important que la réussite sociale matérialisée par l'argent et son utilisation phallocrate.

Mais comme dirait un acteur ô combien sous estimé : «Vous avez besoin d'être heureux pour vivre, pas moi.»

Derrière cette maxime aux allures agressives, Keanu Reeves parle au nom d'un grand nombre de personnes pour qui le bonheur n'est même plus l'ombre d'une chimère, peut-être en raison d'un héritage lourd, qu'il soit familial ou ancré dans votre ADN, comme j'ai peur que ce soit mon cas avec un père qui représente pour moi le modèle absolu, mais qui s'interdit d'être heureux.

D'aucuns diront "comment expliquer et justifier cette envie d'aller vers l'autre alors ?", je répondrais encore une fois avec ma candeur sincère que c'est ce qu'il y a de "moins pire" à faire, et que c'est vecteur de l'empirisme le plus pur, où chaque expérience nourrit, où chaque moment du quotidien devient une de ces petites péripéties qui font avancer. Et puisqu'aller de l'avant est la seule solution saine, marchons. Ensemble, si possible.

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Je voulais juste en finir avec ce texte un peu absurde par une (ma) petite histoire du quotidien :

Je n'ai pas choisi d'avoir une gueule d'ex-taulard, j'ai trouvé ça "esthétique" (oui oui, c'est possible) et la possibilité qu'offre (encore) la société avec le paraître m'a poussé à aller vers ce que certains voient comme un message social tantôt porteur de valeurs malsaines, tantôt idiotes. Et s'il est clair que personne ne me prend pour un ancien détenu au quotidien, l'approche professionnelle a été bien différente : Oui, en France particulièrement -même si l'idée de stigmatiser notre pays ne m'intéresse pas-, il est dans ce cas plus difficile de trouver du travail même lorsqu'il s'agit d'empiler des sandwichs anti-vomitifs pendant 5 ans. Il est aussi, actuellement, plus difficile d'être accepté d'emblée par une attachée de presse qui vous regardera très souvent (pas toujours, dieu merci) de travers, avant de vous accorder les clés de sa précieuse confiance cinq interviews et 3 ans plus tard. C'est une petite montagne rigolote à gravir, quoi que parfois frustrante. Mais je me passerais volontiers de ce défi et je terminerai par une citation classique pour montrer que j'ai bien révisé mon petit précis de religion : "l'habit ne fait pas le moine, putain."

Même si c'est vrai que "si derrière toute barbe il y avait de la sagesse, les chèvres seraient toutes prophètes." Allez je vais me raser, la société m'a fait comprendre que cette allure de clochard ne lui convenait pas.

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(19h10 : La prochaine fois, j'essaierai de vous parler des monstres d'écriture et des modèles que sont SoFoot et Rockyrama avec mes yeux brillants, avant j'espère de réussir à reprendre l'écriture de mon anticlimatique été !)

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